La vie de Sara Princeton (maman biologique de Jewel)

Je poussa mon premier cri un soir de novembre 1975 en Arkansas, dans une petite ferme. Dès le premier jour, je fus aimée des mes parents. Quoi de plus normal, j'étais leur premier enfant et même s'ils désiraient un fils, ils ne purent résister à mon regard pénétrant. Je passa mon enfance ainsi pleine de joie et d'amour jusqu'à l'arrivée de mon frère, Isaac. Dès lors, ils n'eurent que des regards pour lui, le fils tant attendu était là. Je passais au second plan mais cela me permit de prendre mon envol dans les rêves. Je lisais beaucoup ce qui développa mon imagination. Au fil que je prenais de l'âge, ma beauté grandissait également et je ne passais pas inaperçue pour les garçons du coin. Mais aucun ne pouvait prétendre au moindre sentiment en retour de ma part.

J'arriva au lycée, toujours plus belle, adulée mais solitaire. Mon frère Isaac, bien que moins bon que moins, avait toujours les félicitations de mon père. Ma mère, elle, avait compris que je souffrais de cette situation et se rangeait parfois de mon côté. Seulement ce soutien se termina par sa mort alors qu'elle accoucha d'un autre enfant qui lui aussi mourut. Mon père en eut le coeur brisé. Durant ce temps, je dus m'occuper de tout : la maison, les factures, la cuisine en négligeant ce qui me tenait le plus à coeur. C'est un soir, en revenant d'aller faire les courses, que je le croisa. J'étais passée par la forêt, qui me raccourcissait de plusieurs kilomètres, le trajet que je faisais. Il était pâle, les cheveux couleur de l'érable et sa peau étincelait au soleil couchant, le faisant paraitre aussi rouge que ses yeux. Je sentis en frissonnant, l'amour naitre dans mon coeur, par un simple regard pour lui, qui ne pouvait pas être humain. Quelle impudence de ma part. J'avais 18 ans et ma famille à charge pendant que mon père sombrait dans l'alcool. Je ne pouvais pas tomber amoureuse et suivre ce merveilleux cadeau de la vie. Mais je réalisa que jamais je n'avais fait ce que je voulais, obéissant toujours à ma famille et pris la décision de jouer l'égoiste ne fusse qu'une seule fois dans ma vie. Je dévoila mon nom et lui le sien : il s'appellait Terrence. Un prénom digne des années 1800 mais qui lui allait à la perfection pensais je. Le soir venu, il vint chez moi après s'être nourri de cadavres. Il me l'avait juré, il évitait de se nourrir d'êtres vivants même si cela l'attirait. Consciente que plus rien ne serait jamais pareil, je lui offris tout ce que j'étais en mesure de lui offrir cette nuit là : mon âme, mon coeur, mon corps après qu'il m'eut promis de m'emmener dès le lendemain. Sotte que je fus de le croire car il partit aussitôt après avoir pris ma vertu. Je pleura de chagrin toute la nuit, mes illsusions envolées à jamais. Je ne pouvais rester ici, pas après ce qui venait de se dérouler. Je tua donc un agnelet dont je cachais le corps et répandis un peu de sang sur mon lit, pour faire croire à ma mort et à mon enlevement. Personne ne me retrouverait jamais. Je m'enfuis donc avec un peu d'affaires et de l'argent que j'avais accumulé dans un tirelire. Pas grand chose : 500 dollars. Mais pour refaire sa vie, c'était mieux que rien et je pourrais travailler.
Malheureusement, une nouvelle fois, le destin s'en mêla. Je réalisa quelques jours plus tard que mon ventre s'arrondissait déjà. Pas la peine de sortir de Princeton pour comprendre que j'étais enceinte. Après le désarroi et l'hébétude face à cette nouvelle passées, je me révolta contre Terrence qui avait abusé de ma confiance et de ma crédulité d'humaine. Je squatta une maison vide durant quelques semaines. J'avais énormèment pris sur moi pour éviter de sortir, le faisant uniquement de nuit quand personne ne me voyait. La taille de mon ventre était gigantesque et il m'apparaissait parfois que l'être en moi s'amusait à attirer des objets tels des stylos ou des feuilles mais ces derniers rebondissaient toujours sur mon ventre. Une nuit que je dormais repliée sur moi même, je sentis les premières douleurs de l'enfantement. Je mordis mes lèvres pour ne pas hurler mais c'était impossible. L'enfant qui était en moi se frayait un passage pour sortir, cassant des côtes. Les voisins durent m'entendre car ils appelèrent une ambulance qui me transporta couverte de sang à l'hôpital.
Le trajet fut long à cause de la douleur présente à chaque instant. La morphine n'y faisait rien. Finalement arrivée à l'hôpital, les médecins me prirent aussitôt en charge. L'accouchement était presque terminé cependant, tandis que je tombais dans un sommeil profond. J'eus tout de même le temps d'entendre une infirmière dire : C'est une fille. Je tendis mes bras décharnés par le manque de nourriture humaine et on me la tendit avec douceur. Ma fille, ma beauté. La seule chose sur Terre qui subisterait de moi. Je savais que j'allais mourir et une larme perla de ma joue sur celle de l'être que je tenais. Le Soleil se levant éclaira sa peau comme un diamant.

Je t'aime, mon précieux bijou. Ma Jewel Maybel Princeton. furent les derniers mots que je prononça.

J'avais totalement oublié la douleur tout à ma joie de serrer mon bébé contre moi. Seulement une fois que les médecins la reprirent pour voir si elle allait bien, je recommenca à souffrir. Il faut dire que j'étais faible vu la quantité de sang que j'avais perdu. Malgré les efforts des médecins, je sombrais rapidement dans le coma pour ne plus jamais en sortir, n'ayant que pour seul échappatoire la mort et les ténèbres. Le dernier souvenir qui me vint à l'esprit avant que la Grande Faucheuse vienne me ramener avec elle dans son royaume fut celui de ma famille et de moi en train d'admirer Jewel qui jouait et nous étions heureux.